Les transformations actuelles que connaissent les lettres et les arts sont accélérées par l’informatisation massive de la culture. Ces transformations portent sur un plan tant médiatique que symbolique : elles touchent aussi bien les supports que les fondements et les contenus de la représentation. Leur ampleur nourrit par moments un sentiment d’inquiétude que les bouleversements sociohistoriques récents viennent accentuer. L’objectif du programme de recherche est de prendre la mesure de cette inquiétude. Tout un pan de l’imagination contemporaine résonne de ces transformations et il importe de comprendre ce qui alimente cet imaginaire et de proposer des perspectives et des instruments d’analyse originaux afin d’assurer, d’un point de vue esthétique et, plus largement, social, un renouvellement des pratiques et une meilleure compréhension de l’imaginaire contemporain.
Débutant en 1989 avec la chute du mur de Berlin, la période couverte par le programme est marquée par des bouleversements politiques (fin de l’URSS, attentats terroristes), économiques (mondialisation accélérée des échanges), symboliques (fin de siècle), technologiques (informatisation de la culture). Comment ces événements transforment-ils les lettres, aux plans médiatique et symbolique? Le corpus de ce programme est québécois, français et américain. La littérature y joue un rôle prédominant, mais elle côtoie le cinéma et les pratiques artistiques.
Le programme LINT – Littérature, Imaginaire et Nouvelles Textualités – se divise en deux axes, qui rendent compte d’un amont et d’un aval. Le premier axe, « Formes et figures littéraires », porte en amont sur les formes littéraires contemporaines, qui tentent de rendre compte d’un réel de plus en plus éclaté, tout en restant attachées au livre et aux formes habituelles de la textualité. Il comprend deux volets : l’un, « Fondements de l'imaginaire », dégageant les tensions constitutives de l’imaginaire contemporain, oscillant entre inquiétude et euphorie, entre devoir de mémoire et besoin d’oubli, entre ruptures, mécanismes de transition et processus de répétition; l’autre, « Figures de l'inquiétude », examinant les figures de l’inquiétude liées à l’énonciation, aux formes de la subjectivité, à la représentation ou aux savoirs. Le second axe, « Les limites de la textualité », traite en aval du déplacement des pratiques et de la transformation fondamentale que provoque l’apparition des nouvelles technologies du texte et de l’image. Deux volets sont dégagés. Le premier, « Mutations esthétiques et nouvelles textualités », traite des enjeux médiatiques, sémiotiques et symboliques liés aux nouveaux supports. Le second, « Nouveaux imaginaires », traite de l’impact sur l’imaginaire de ces nouvelles formes fictionnelles. Voit-on apparaître les mêmes figures, lieux et tensions?
Avec la création du programme de recherche The Lower Manhattan Project / Le projet Lower Manhattan, le NT2, ERIC LINT et FIGURA proposent d'analyser le processus de fictionnalisation et de mythification amorcé à partir des événements du 11 septembre 2001. Ce programme de recherche entend suivre la façon dont un événement est construit, mis en récit, en fiction et en image, transformé et mythifié. Il s'agit en somme d'observer l'élaboration d'un mythe en orientant la recherche sur l'esthétisation du 11 septembre 2001 principalement par la littérature, les arts et le cinéma.